Avenir du secteur aérien : quelles contreparties environnementales et sociales?

Lors des Questions d’Actualité au Gouvernement, le 7 avril 2021, j’ai interrogé le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance sur l’avenir du secteur aérien.

Bruno Lemaire a annoncé mardi 6 avril l’accord définitif scellé avec la commission européenne, sur un nouveau plan financier entre Air France et l’Etat : le prêt de 3 Milliards d’euros accordé il y a quelques mois se transforme en fonds propres, et l’Etat va participer à une augmentation de capital d’un Milliard d’euros en plus, devenant actionnaire principal d’Air France à 29,9%.

Une nouvelle fois, plutôt que d’agir pour transformer et réinventer notre modèle de société, l’État déploie sa stratégie du “quoi qu’il en coûte” pour relancer la croissance et tenter de sauver les secteurs économiques les plus émetteurs en gaz à effet de serre.

Alors oui, il faut « sauver Air France », qui doit recevoir une nouvelle aide financière, mais il faut aussi façonner un autre modèle qui réponde aux enjeux sociaux, économiques, et climatiques. 

Il faut favoriser le développement d’autres modes de transports, les alternatives ferroviaires, et la sobriété dans les mobilités de demain.

Une aide financière de 4 Milliards d’euros ne peut être accordée sans contreparties écologiques et sociales.

Pour que cette cession soit bien juste et proportionnée, l’Etat devra impérativement s’assurer que des compagnies aériennes low-cost telles que Ryan Air ne récupèrent pas les créneaux horaires cédés, au prix de balayer nos règles de protection fiscales et sociales.

Aucune information claire et précise sur la sauvegarde des emplois n’a été mentionnée. Pire, en enjoignant Air France à poursuivre ses efforts, c’est aux salariés que l’Etat s’adresse. Plus de 7500 emplois qui seront supprimés d’ici 2022, et le Ministre sous-entend que ce n’est pas fini. Qu’attend-on pour geler la rémunération des hauts salaires ? Qu’en est-il des reconversions et des formations des employés ? 

Supprimer davantage d’emplois et donc de savoir-faire, c’est renoncer à positionner la France comme leader quand l’activité du secteur aérien reprendra. C’est aussi renoncer à initier la transition écologique vers la décarbonation de cette industrie. 

Il est fait mention qu’une réduction de 50% des émissions de CO2 par passager par kilomètre sera imposée d’ici 2030. Mais cette condition, en l’état, interroge sur son efficacité :

  • C’est la totalité de l’effet climat de l’aviation, et non pas seulement les émissions de CO2, qu’il faut prendre en compte 
  • Il est temps que l’appréciation des émissions de gaz à effet de serre se fasse au regard de la stratégie nationale bas carbone 
  • Tandis qu’une croissance exponentielle du secteur est annoncée, il s’agit de défendre de façon effective les alternatives à l’avion quand elles sont possibles
  • Il n’est pas acceptable de comptabiliser les “compensations” dans le calcul des émissions, quand on sait que leur impact est trop incertain
  • Il faudrait également intégrer dans le budget carbone, les émissions du transport aérien international.

“L’avion vert” n’est à ce stade qu’un mythe, le réchauffement climatique, lui une réalité. Il reste moins de dix ans. 

Alors quels engagements contraignants ont été imposés à Air France pour assurer sa décarbonation et la sauvegarde de l’ensemble des emplois de l’entreprise sachant qu’« un emploi supprimé chez Air France entraîne deux à trois suppressions de postes dans la sous-traitance » ?

Voici mon intervention:

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