Face à cette Coupe du monde de la honte, les sénateurs et 150 élus écologistes appellent le président de la République et le gouvernement à ne pas se compromettre dans cette vitrine politique de l’émirat. Quel que soit le résultat de l’équipe de France.
Ce dimanche débute la 22e Coupe du monde de football au Qatar. Un malaise, pour ne pas dire du dégoût, est en train de s’installer en France, y compris chez certains des plus fervents supporteurs des Bleus. Collectivement, nous sommes face à un dilemme : l’attrait du spectacle, la quête d’un titre, une troisième étoile sur le maillot bleu légitiment-ils toutes les compromissions ?
La Coupe du monde s’apprête à être lancée sur les cadavres de 6 500 travailleurs morts pour la construction de stades climatisés et des installations qataris. Pour celles et ceux qui espéraient une ouverture de la monarchie à l’égalité des droits, le bilan est très décevant.
Nous nous apprêtons ainsi à assister à des matchs dans un pays où les droits humains n’ont pas progressé, où les minorités sexuelles sont toujours persécutées, où les femmes ne sont pas libres et où l’esclavage continue. Et cette politique reste assumée avec fierté par les dignitaires de l’émirat. Alors que le climat prend la trajectoire d’un chaos global, cet événement consacre le déni climatique, en dépit de toutes les alertes, de toutes les catastrophes, de tous les emballements, de tous les drames qui surviennent. Les fausses promesses d’une neutralité carbone de l’événement s’écrasent sur la réalité des stades climatisés et des milliers d’allers-retours en avion pour les spectateurs. Face à cette Coupe du monde de la honte, plusieurs Mairies ont déjà annoncé ne pas mettre en place d’écrans géants de diffusion de cet événement quel que soit le parcours des bleus, comme il est d’usage habituellement.
Pourtant, l’exécutif français a décidé de se compromettre dans cette vitrine politique pour la monarchie qatarie : la ministre des Sports a décidé de s’y rendre si l’équipe de France atteint les quarts de finale, le président de la République a décidé d’attendre les demi-finales. Alors que le sport pourrait être un formidable vecteur diplomatique en faveur des droits humains et du climat, la dignité diplomatique de la France est donc conditionnée au parcours de son équipe de football.
Nous appelons le président de la République et le gouvernement à renoncer à leur participation à cet événement et à repenser les critères d’attribution et d’organisation des grands événements sportifs mondiaux pour faire face aux grands défis de demain.
Signataires (liste complète ici) : Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère et président du groupe écologiste ; Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône ; Daniel Breuiller, sénateur du Val-de-Marne ; Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique ; Thomas Dossus, sénateur du Rhône ; Monique de Marco, sénatrice de la Gironde ; Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin ; Joël Labbé, sénateur du Morbihan ; Raymonde Poncet Monge, sénatrice du Rhône ; Paul Toussaint Parigi, sénateur de la Haute-Corse ; Daniel Salmon, sénateur de l’Ille-et-Vilaine ; Mélanie Vogel, sénatrice des Français·es étabi·es hors de France…
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