Le 5 décembre, j’ai manifesté contre la proposition de loi « Sécurité globale ».
Plus de 2500 manifestants, dont beaucoup de jeunes, inquiets pour leur avenir. Aux côtés de Jeanne Barseghian, de Danielle Dambach, de Gérard Schann, et beaucoup d’écologistes, j’ai fait cette intervention :
“Bravo pour votre mobilisation. Grâce à l’ampleur des manifestations, grâce à l’indignation de nos concitoyens qui sont de plus en plus nombreux à prendre conscience du climat de laisser-faire généralisé de violences policières inadmissibles, ces derniers jours, quelque chose a bougé, en tous cas le ton a changé : la communication du Président Macron s’est infléchie hier, son ministre et ses fidèles parlent maintenant de trouble et d’incompréhension.
Et bien faisons leur comprendre que nous les avons parfaitement compris. Il ne s’agit pas d’ambiguïté, Il ne s’agit pas d’incompréhension. Nous avons parfaitement compris que leur volonté n’est pas de réconcilier les citoyens avec leur police républicaine, nous avons parfaitement compris que leur volonté n’est pas de garantir que les forces de l’ordre agissent correctement et en aient les moyens : j’ai d’ailleurs passé cette semaine un bout de nuit dans l’hémicycle à voir rejeter systématiquement par la majorité et par le gouvernement toutes les propositions budgétaires, des écologistes et des groupes de gauche, visant à faire payer les heures supplémentaires, à renforcer la formation, à fournir des conditions de travail plus décentes, plus transparentes aux forces de l’ordre. Comme a dit ma collègue Esther Benbassa : « ils disent qu’ils aiment la police, mais ils n’aiment pas lui donner de l’argent ! »
Non, ce qu’ils aiment, et ce qu’ils ont cherché, avec cette proposition de loi de circonstance, c’est à flatter, c’est à encourager les dérives et les demandes les plus radicales de certains syndicats de policiers : ils ont ajouté dans un texte de députés tout un bric à brac de mesures sécuritaires et liberticides encouragées chaudement par l’extrême droite. Pénalisation de la diffusion d’images, surveillance par drones, armement des policiers dans le civil, extension de la sécurité privée : autant de mesures qui n’ont pas été examinées au préalable par le Conseil d’État, garant en principe des libertés individuelles, autant de mesures qui interpellent la Défenseure des Droits, la Commission des Nations Unies et la Commission européenne.
Face au rétropédalage confus de ces derniers jours, Il est bon que le Sénat ait rappelé fortement que les principes d’un État de droit, du bicamérisme parlementaire ne sont pas des babioles. Non, l’État de droit ce n’est pas le droit de faire comme bon semble au Président et aux siens, ce n’est pas passer d’un exercice de communication à un autre, ce n’est pas la succession d’éléments de langage : ce texte sorti de l’Assemblée a été déposé le 24 nov au Sénat, c’est maintenant à lui de travailler, pas à une instance d’enfumage : que le gouvernement et sa majorité assument ou bien que ce texte tout simplement soit retiré.
En tous cas je peux vous assurer comme sénateur écologiste que pour mon groupe et je crois bien que nous ne serons pas seuls, nous ferons tout pour que l’article 24 soit retiré et que ce texte soit rejeté dans sa globalité.
Ce que la société française vit ses dernières semaines montre clairement que Darmanin et Lallement doivent partir avec les méthodes qu’ils incarnent, qu’il y a besoin d’un vrai débat, d’un vrai travail démocratique suivi d’actions fortes pour en finir avec ces violences policières et réconcilier les citoyens avec leur police républicaine”.
crédit photo : DNA/ Cédric JOUBERT