La bataille des retraites

Depuis le début de l’année, des millions d’entre nous s’opposent à la réforme des retraites portée par Emmanuel Macron et son gouvernement. Malgré un rejet massif dans l’opinion, malgré des manifestations d’une ampleur inégalée depuis des décennies, malgré le front syndical uni, malgré la fronde parlementaire, Macron persiste à vouloir décaler l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Dans une dérive autoritaire inquiétante, au mépris du peuple, tel un monarque isolé dans son palais.

Un débat empêché au Sénat

Au Sénat, la gauche s’est battue sans relâche contre ce texte pendant deux semaines. Avec mes collègues écologistes, socialistes et communistes, nous avons déposé près de 3000 amendements (700 pour les seuls écologistes). Contre cette réforme injuste bien sûr, mais aussi pour un autre projet : la conquête/défense du temps libre, une meilleure prise en compte de la pénibilité, une révision des exonérations de cotisations sociales aux entreprises, la lutte contre le chômage des seniors, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes…

Aussi important que soit l’enjeu, le débat démocratique a été entravé par l’utilisation d’un ensemble d’outils visant à faire taire les oppositions. Dès le départ le choix de recourir à un projet de loi rectificatif de la Sécurité sociale (PLFRSS) n’augurait rien de bon, avec la possibilité pour le gouvernement de limiter très étroitement la durée des débats (article 47.1) et d’avoir recours au 49.3 à l’Assemblée, contrairement à ce qu’aurait permis une procédure « normale ».

Au Sénat l’exécutif a utilisé l’article 44.2, permettant de supprimer d’une traite de nombreux amendements, et l’article 44.3 qui autorise le vote bloqué (vote sur l’ensemble du texte sans possibilité pour l’opposition d’amender). De connivence avec le gouvernement, la droite sénatoriale a fait appel aux articles 38 et 42 du règlement pour limiter au maximum les discussions. Si les groupes LR, UDI-UC, et RDPI (Renaissance et Horizons) ont voté majoritairement pour cette réforme, leur unité s’est fissurée au fur à mesure de l’avancée des débats avec au final 24 votes contre/abstention chez LR (1/6) et 20 chez les centristes (1/3). Une fronde notable dans l’univers feutré du Sénat…

Un passage en force contre la démocratie

Après un passage en commission mixte paritaire (sept députés et sept sénateurs discutent du texte à huis-clos), la réforme a été votée au Sénat puis est retournée à l’Assemblée… pour ne même pas être votée. Anticipant le rejet par les députés, Élisabeth Borne a préféré dégainer l’article 49.3 qui engage la responsabilité de son gouvernement. Un passage en force contre les parlementaires, contre la rue, contre le peuple. Leur projet est minoritaire et ils le savent. A l’Assemblée, il s’en est fallu de peu pour que la motion de censure transpartisane renverse le gouvernement. Malgré les pressions, 9 voix sur 577, 9 petites voix seulement, auront manqué pour faire tomber cette réforme et ceux qui la portent. Face à la contestation qui ne faiblit pas, le pouvoir aux abois choisit la matraque. Contre cette dérive répressive, nous nous tenons aux côtés des grévistes, des manifestants et des syndicats pour demander le retrait de cette réforme.

« Aucune réforme, si nécessaire soit-elle, ne peut être menée à bien sans une large adhésion de toutes les parties intéressées. Elle ne peut se faire aussi que dans le calme. Il apparaît clairement que tel n’est pas le cas aujourd’hui. Les manifestations en cours, avec tous les risques de violence et les dangers qu’elles comportent pour tous en sont la preuve. C’est pourquoi j’ai décidé de retirer l’actuel projet de loi. »
Ces mots sont ceux de Jacques Chirac ! Aujourd’hui, le président ferait bien de s’en inspirer…

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