Le lundi 16 janvier, j’ai usé de mon « droit de visite parlementaire » des lieux de privation de libertés en me rendant dans la zone d’attente de l’aéroport Bâle-Mulhouse, l’endroit où sont retenues les personnes se voyant refuser l’entrée dans l’espace Schengen. J’étais accompagné par l’ANAFÉ, Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers.
Cette zone est plus correcte que celle de l’aéroport de Roissy que j’ai visité en juin dernier, mais on est loin des « prestations de type hôteliers » promises par la loi de 1992. Aucune fenêtre, sièges sales, uniquement de la lumière artificielle provenant d’un plafond bas, literie rudimentaire, pas d’aération.
Les droits des personnes enfermées ne sont pas affichés clairement ni dans plusieurs langues sur les murs, comme nous l’avons fait remarquer à la police. Des papiers confidentiels concernant la demande d’asile refusée d’une dame trainent à la vue de tous et toutes.
Le personnel est sous-doté et travaille dans des conditions déplorables : une table miteuse en face d’un mur gris, couloir étroit où l’on ne voit pas la lumière du jour. Si une personne enfermée veut fumer, cela leur demande de réorganiser tous les effectifs.
Après seulement une heure, nous nous sentions déjà asphyxiés. Ce lieu est anxiogène, pour les personnes enfermées et pour les travailleurs. Pour cause : ce sous-sol n’était pas prévu pour cet usage. Les chambres ne sont pas non plus adaptées pour des enfants.
Des jouets avaient aussi été demandés en juillet dernier, aucune nouvelle. Le droit de jouer est pourtant prévu par la Convention relative aux droits de l’enfant. N’ayant pas d’autres choix, il arrive aux policiers de les laisser jouer avec un téléphone (les adultes en sont privés).
Des zones comme ça, il en existe près d’une centaine en France. Toutes ne garantissent pas le même accès aux droits pourtant prévus par la loi (droit à être soigné, droit de contacter un avocat, droit d’avoir un interprète).
Les parlementaires devraient se saisir du droit de visite qui leur est accordé. D’une part pour constater les conditions médiocres de ces zones d’attente, de l’autre pour comprendre que tout le monde n’est pas contrôlé ni traité de manière égale en sortant de l’avion.
« On ne va pas contrôler pareil des passagers qui viennent de St Jacques de Compostelle, par exemple », nous a dit un des policiers. Les contrôles sont en effet renforcés pour des vols en provenance de pays dits « à risque migratoire », comme la Grèce ou l’Italie.
Ces contrôles renforcés reflètent la gestion essentiellement policière des flux migratoires imposée par l’UE. En novembre dernier, j’ai insisté devant la directrice exécutive de Frontex sur les dérives de cette politique migratoire répressive, qui bafoue les droits humains.
Voici l’article du journal l’Alsace consacré à cette visite